Laysara: Summit Kingdom
Les développeurs de Quite OK Games—un nom qui, avouons-le, respire déjà l’ambition démesurée et le succès retentissant—nous expliquent que la population a dû fuir les plaines. Visiblement, la seule solution trouvée par ces urbanistes désespérés fut de pointer vers le sommet enneigé le plus proche et de décréter : « Bâtissons là ! ». Le jeu est fier de porter le genre de la construction de ville à des « hauteurs encore jamais atteintes », ce qui est techniquement vrai, mais logistiquement suicidaire.
Quand l’inhospitalité devient une fonctionnalité
Laysara: Summit Kingdom est présenté comme un jeu de gestion « difficile », se concentrant sur la survie malgré un « environnement inhospitalier ». Chaque partie ou campagne est l’occasion d’édifier plusieurs villes sur des montagnes qui, nous assure-t-on, offrent toutes des caractéristiques et des défis « uniques ». C’est une façon élégante de dire que vous manquerez toujours de quelque chose.

Chaque montagne présente son lot de misères spécifiques : formes, disposition, disponibilité des ressources et conditions météorologiques. Parfois, vous avez la chance de trouver de « grands espaces pour les cultures dans les zones les plus basses », mais le plus souvent, vous devrez vous contenter de « l’extraction de minerai dans des régions glaciales et dangereuses ». Si, par malheur, une « ressource précise vous fait défaut » (ce qui est l’état normal de la vie à Laysara), il faudra se débrouiller pour « mettre en place une route commerciale avec une autre ville ». En d’autres termes : l’interdépendance forcée est la conséquence directe d’une planification initiale désastreuse.
Mais la véritable cerise sur ce gâteau de roche et de glace, ce sont les avalanches. Le jeu l’annonce sans fard : la nature « ne peut être arrêtée ». Le joueur doit « planifier et élaborer des stratégies » pour gérer ce fléau, sous peine de « regarder votre ville être ensevelie et dévastée ». Admettons-le, peu de jeux affichent avec autant de mauvaise foi la destruction certaine de votre investissement comme une « fonctionnalité » clé.
Les yaks « glamour » : l’apogée de la logistique de montagne
La survie à Laysara repose sur un réseau de transport qui est, lui aussi, un « défi ». Transporter des marchandises à travers les « crêtes, canyons et rivières » nécessite une optimisation des réseaux de production. Pour satisfaire les besoins de vos citoyens—et, étonnamment, des « yaks », qui ont apparemment des exigences plus pressantes que la classe ouvrière—l’équipe de développement a trouvé la solution ultime pour l’infrastructure high-tech de montagne : les yaks.

Ces bêtes de somme, dignes héritières de la gloire perdue de Laysara, sont même décrites comme « glamour ». Imaginez le tableau : un citoyen gelé observe le fruit de ses efforts (un temple grandiose érigé au sommet) pendant qu’un yak « glamour » peine à livrer une poignée de minerai dans des conditions climatiques extrêmes. Le mythe du royaume déchu se construit littéralement sur le dos de bétail mal payé.
Un lancement qui sent la précipitation
Après un passage en Early Access sur Steam (où les joueurs PC ont, comme d’habitude, servi de testeurs gratuits), le lancement 1.0 promet une « toute nouvelle Campagne de 15 missions ». Il est réconfortant de savoir que le jeu complet arrivera bientôt, après que Quite OK Games, une équipe de trois développeurs formée au début de 2021, ait décidé que « travailler sur les jeux d’autres personnes n’était plus amusant ». Ils se sont alors lancés dans leur propre projet, se demandant, avec une naïveté touchante : « Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? ».
Rien, visiblement, si l’on considère que le plan de jeu consiste à élever un « grand temple au sommet » tout en surveillant nerveusement le prochain mur de neige qui va ensevelir la cantine. Que vous jouiez la Campagne, le mode Défi ou le mode relax « Free Build », préparez-vous à triompher des éléments en faisant du commerce forcé et en caressant vos yaks « glamour ». Un achat indispensable pour tous ceux qui aiment les défis inutiles.